Le concept de « flow » ou « état psychologique optimal ». Csikszentmihalyi et al.
Qu'est-ce que le Flow ?
​Générer le flow à partir du modèle S.F.E.R.A
Relation entre flow, créativité, motivation et sentiment de bonheur,
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En état de flow, tout se passe de manière fluide et harmonieuse, comme si tout était au bon endroit, comme si tous les systèmes opéraient à l’unisson. Il n’y a pas de distractions, l’attention est entièrement attirée sur ce que l’esprit et le corps sont en train de faire et aux stimulations dérivant de la performance ; les sens sont amplifiés, au point d’avoir une altération des perceptions : le terrain devient plus large, notre adversaire plus petit, notre instrument fait partie de notre corps, le bruit extérieur résonne à l’intérieur de nous ou disparaît, les odeurs sont plus intenses, notre corps plus léger, "etc"…
Il est communément admis que l’auteur du concept et de la théorie du flow est le professeur de psychologies Mihaly Csikszentmihalyi, qui est aussi l’un des fondateurs de la psychologie positive. Cet état de concentration, d’attention et de vibration extrême motive bien des athlètes et performer. Cependant, Milly Csikszentmihalyi, expose que son questionnement initial était de savoir ce qui pouvait donner aux individus le sentiment que certaines choses valaient le coup de vivre, au point de leur consacrer une grande partie de leur vie.
Pour Mihaly Csikszentmihalyi, le flow concerne toutes les personnes qui sont expertes dans un domaine. L’automatisation de gestes complexes demande des heures de travail ou d’entraînement, c’est pourquoi selon lui, la créativité qui consiste « à changer quelque chose en mieux » nécessite au minimum dix années de pratique d’une spécialité et une immersion dans un secteur particulier, afin d’acquérir des compétences particulières.
Toutes les personnes que Csikszentmihalyi a interviewées dans le cadre de ses recherches, dans n’importe quel domaine concerné, ont décrit ces expériences comme des expériences durant lesquelles tout s’écoulait de manière totalement spontanée, il les a nommées expériences de flow. Ainsi, la description phénoménologique faite par un patineur de son état subjectif durant une expérience de flow qui semble comme un « moment d’extase » est identique à celle relatée par plus de huit mille personnes. Parmi lesquelles des moines dominicains, des religieuses aveugles, des dirigeants d’entreprise, des artistes, des athlètes, en passant par des alpinistes himalayens et des bergers navajos qui aiment leur travail.
À partir de près de huit mille interviews, Mihaly Csikszentmihalyi mettra en évidence 7 composantes qui sont réunies lorsque quelqu’un est en état de flow. Et ce, "quelle que soit la culture, quelle que soit l'éducation, ou autre ». Parfois, 9 facteurs apparaissent dans la littérature, en réalité, cela dépend de comment on les regroupe. Une fois que ces composantes sont présentes simultanément, tout ce que l’individu fait prend de la valeur en soi.
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Les 7 composantes d'un état de flow :
1/ Être Complètement impliqué dans ce que nous faisons. Concentré sur la tâche en cours.
2/ Connaître un sentiment d'extase, d'être en dehors de la réalité quotidienne.
3/ Grande clarté intérieure, sachant ce qui doit être fait et comment bien le faire.
4/ Savoir que l'activité est faisable, que les compétences sont adéquates à la tâche.
5/ Un sentiment de sérénité, pas d'inquiétude pour soi-même, et un sentiment de dépassement des limites de l'ego.
6/ Intemporalité, centrée sur le présent, les heures semblent s'écouler en quelques minutes.
7/ Motivations intrinsèques. Tout ce qui produit en état de flow devient sa propre récompense.
« Voilà ce que nous entendons par expérience optimale, c’est ce que ressent le navigateur quand le vent fouette son visage et que le bateau fends la mer, le vent, la coque, le bateau créent une harmonie qui vibre dans ses veines… »
Csíkszentmihályi Mihaly, Vivre, Pocket septembre 2006.
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J'ai passé beaucoup de temps à étudier cet état de flow que j’ai pu vivre souvent, j'y aie consacré un de mes mémoires de recherche. Avec pour population d'étude les alpinistes experts, et la conclusion que le flow qu'ils expérimentaient régulièrement participait à leur sentiment d'être heureux, et était corrélé, à la fois à leur activité physique et aux éléments de leur environnement de montagnes. Cependant, pour ma pratique de psychologue, il me fallait non seulement connaître les facteurs de flow et savoir comment les mesurer, mais surtout savoir comment les améliorer ou les générer.
MODÈLE de la S.F.E.R.A
Modèle d’analyse et d’optimisation de la performance.
Méthodologie S.F.E.R.A,
comme dispositif de génération des facteurs de flow.
La caractéristique principale de la meilleure performance est la répétabilité, c’est-à-dire la capacité de répliquer, de manière structurée, le processus de performance, en exprimant, de manière constante, son propre potentiel maximum.
La répétabilité ne peut résulter que de par l’utilisation d’une méthode simple et compréhensible.
Le professeur Giuseppe Vercelli est chercheur et expert en psychologie de la performance et dans ses applications dans le sport, l'organisation et le management. Il est Directeur Scientifique du Centre "Umbro Marcaccioli" de Psychologie du Sport et de la Performance Humaine et responsable de la zone psychologique de la Juventus F.C. depuis 2011. Il fut mon professeur de psychologie de la performance et du sport durant ma formation en master de psychologie clinique à la Niccolò Cusano University de Rome.
C’est durant cet enseignement italien, que je me suis formée au développement des facteurs de flow à partir du modèle SFERA conçu par le professeur Vercelli. Qui est particulièrement attaché à la génération de cet état de flow. Aussi, son modèle d'optimisation de la performance se veut inclure tous les éléments du flow.
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On retrouve selon Giuseppe Vercelli dans le modèle de la SFERA tous les éléments du Flow,. La composante « Synchronie » est reliée à un état de concentration et d’attention, une fusion complète avec ce qu’on est en train de faire. Les « Points Forts » concernent l’ utilisation maximale de capacités et des habilités physiques, techniques et psychologiques. L’ utilisation optimale de l’énergie qui implique la sphère émotionnelle génère l’absence de sentiment de fatigue et d’ennui. Le rythme concerne le flux harmonieux des actions et pensées. L’ Activation de ressources propres à l’individu génère l’ enthousiasme et des moments d’extase.
La synchronisation est la capacité d’être complètement dans l’instant lors de la performance. Ce qui signifie être à la fois dans l’imagination et l'action.
La force concerne les capacités et les habilités physiques, techniques et psychologiques que l’individu estime posséder pour une performance d’excellence. Elles sont connectées au concept d'auto-efficacité.
L'énergie concerne la sphère émotionnelle, à réguler et utiliser. Une faible ou excessive utilisation de l’énergie provoque une sensation de fatigue.
Le rythme est l’élément qui génère le flux approprié dans la séquence des mouvements.
L’activation est le moteur motivationnel.
Chacun des facteurs fondamentaux de la SFERA, se décline en profondeur en facteurs appelés les « Capteurs Zéro », les « principes actifs » de chaque facteur. Que le psychologue évalue à l’aide d’outils adaptés et sur lesquels l’intervention sera centrée.
SFERA est un acronyme italien qui signifie en français modèle d’analyse et d’optimisation de la performance. Ce modèle s’accompagne d’une méthode, d’un dispositif permettant une amélioration continue des compétences psychologiques. Sa conception dérive de plusieurs recherches effectuées auprès du Centre de Psychologie du Sport de l’ISEF – SUISM de Turin sur environ 700 athlètes professionnels et amateurs.
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Sensations associées à chacun des cinq facteurs principaux
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La synchronisation – Les sensations associées
Être dans l’instant.. Concentration. Conscience/attention.
Alliance esprit-corps
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Points forts – Les sensations associées
Se sentir capable. Activer ses propres ressources.
Sens d’auto-efficacité. Sensation de puissance.
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Énergie– Sensations associées
Se sentir à son aise. Se sentir confortable. Être en équilibre
Mieux voir. Libérer les émotions et " l’instinct".
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Rythme– Sensations associées
Être élégant. Avoir un style et de la cohérence. Posséder la qualité de leadership. Être constant.
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Activation – Sensations associées
Amusement, Joie. Passion. Motivation. Enthousiasme
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Le flow : enthousiasme, flexibilité cognitive, considérations
et bonheur.
Sans enthousiasme pas de motivation au long cours.
Le flow implique un sentiment de défi. Cet état est, en effet, généré lorsque les individus ont des objectifs qui vont nécessiter d'accroître leurs compétences, et de mobiliser toutes leurs ressources, tout en étant atteignables. Un trop grand défi par rapport aux compétences à un moment T, ne générera pas de flow. C'est pourquoi une bonne fixation d'objectifs à court, moyen et long terme, permettra de favoriser le flow.
Un élément très important dans le discours de Csikszentmihalyi, comme il l’est dans celui de Vercelli, est la présence de joie et/ou d’enthousiasme. Il doit y avoir interdépendance des notions de projets, engagement et harmonie. Et c'est bien ainsi que je considère également la performance. Il existe est des personnes qui ne sont « bien » que durant l’activité qu’elles pratiquent, devenant désagréables pour elles même et les autres le reste du temps, tandis que d’autres n’exploitent pas leur potentiel, dans aucun domaine que ce soit, ce que Csíkszentmihályi qualifie de triste. Pour lui, les expériences de flow, n’ont de valeur que si elles ont la fonctionnalité de « relier » les éléments de vie, d’organiser un continuum en quelques sortes, ce qu’il qualifie « d’expériences optimales unifiées ».
Figure ci-dessus : le Modèle de Fluctuation de l’Expérience (EFM).Csikszentmihalyi, Massimini et Carli (1987).
L'art est la manière, motivation et considérations.
Se situer à la fois dans le champ de la psychologie de la performance et du sport et dans celui du flow de Csikszentmihalyi, implique de prendre en considération la nature de la motivation. Le flow favorise incontestablement la performance, cependant dans des circonstances de motivation et de conception de ses actes quotidiens.
Csikszentmihalyi dira « Tu vois que ces personnes définissent le succès comme quelque chose qui aide les autres et en même temps te rend heureux en travaillant. (...) ». Pour lui, la créativité, quel que soit le domaine est potentiellement source de joie.
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Tout psychologue dans le cadre de son travail sur la thématique du bien-être de l’individu, va vérifier que ce dernier porte son propre projet et pas celui d’autres personnes. Le flow implique cependant une motivation particulièrement intrinsèque qui va de pair avec le fait que la pratique en elle-même soit source de satisfaction.
Cette référence à la motivation intrinsèque est à mettre en relation avec le concept d’autotélique. Que jean Heutte, collaborateur de Csikszentmihalyi, (avril 2006, article 54) précise de la sorte :
« Autotélique » est un mot composé de deux racines grecques : autos (soi-même) et telos (but).
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"Une activité est autotélique lorsqu’elle est entreprise sans autre but qu’elle-même. "
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« Lorsque qu’une personne est capable d’affronter la vie avec un enthousiasme tel qu’elle s’implique dans ce qu’elle fait avec une grande ferveur, on peut dire d’elle que c’est une personnalité autotélique. »
Pour Csikszentmihalyi, (2005), les personnes à qui l’on peut attribuer une personnalité autotélique sont celles qui considèrent que la quasi-totalité de ce qu’elles font ou accomplissent est important et à de la valeur en soi.
Le dynamisme du Flow : impermanence et flexibilité cognitive.
Le flow est un état momentané et soudain, il ne peut pas être constant et durable, une hausse continue d’opportunités et de capacités est nécessaire afin d’éviter l’anxiété ou l’ennui.
Pour Vercelli 2015-2018, le flow se manifeste lorsque l’individu sait bénéficier de bons capteurs, ceux-là même qui peuvent permettre une action appropriée et efficace à un moment T, et une autre action différente à un autre moment. D’où l’importance soulignée de la flexibilité mentale, le flow n’est pas statique, et c’est parce qu’il n’est pas statique qu’il permet à un moment une performance optimale. En effet, la rigidité cognitive ne favorise pas, et pas plus en psychologie générale qu’en psychologie de la performance, l’adaptation aux situations nouvelles, qui requiert aussi de l’imagination.
Flow et bonheur.
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Les états de flow réguliers sont considérés par Csíkszentmihályi comme des indicateurs ou fournisseurs de bonheur. Les individus vivant des expériences plaisantes, qui nécessitent un engagement total dans des activités satisfaisantes, n’ont plus de capacité attentionnelle pour les ennuis.