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Promotion de la santé et du bien-être en différents contextes.

Le concept de santé mentale positive. Les facteurs de bonne santé mentale.

     Entre 1995 et 2005, le chercheur Keyes a mené aux États-Unis une l’étude longitudinale nommée MIDUS (1), qui confirmera l’hypothèse d’un modèle à deux continuums de la santé mentale. D'autres modèles de la sorte seront ensuite conceptualisés. Ces modèles inclus des continuums distincts cependant corrélés, de santé mentale et de troubles mentaux.

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 Ce qui signifie que

L’absence de troubles mentaux n’implique pas la présence de santé mentale.

La présence de troubles mentaux ne signifie pas nécessairement l’absence de santé mentale.

La santé mentale optimale est associée à un bon niveau de fonctionnement, niveau qui décroît en même temps que la valence négative de la santé mentale.

     Un lot d'études a permis de mettre en évidence l’importance du bien-être, de discerner des facteurs de bonne santé mentale et de créer des échelles de mesure. Ce qui a abouti à des concepts tels que celui de santé mentale positive.
Ce champ de recherche florissant a généré des planifications d’actions de promotion de la santé et du bien-être, à l’efficacité mesurable.

 

     La santé mentale positive peut se définir comme « un état de performance réussie de fonction mentale s’exprimant par des activités productives, des relations enrichissantes avec les autres et la capacité de s’adapter au changement et au stress. ». (2)

 

Santé mentale positive, bonheur et bien être.


    Le bonheur est un concept difficile à cerner tandis que le sentiment de bien-être à une composante subjective.

 

     Un débat philosophique (bien que les conceptions psychologiques soient différentes des philosophiques) existe entre les approches que sont l’hédonisme et l’eudémonisme (approches qui ne sont en pratique pas forcément antagonistes). Tandis que la théorie de l’audotermination (« Self Determination Theory » ) de Deci et Ryan, (2000 et 2002) propose une autre perspective qui est d’ordre motivationnelle.
 

L’hédonisme.
   

     La recherche de plaisirs et l'évitement de souffrances constituent le but de l'existence humaine. Dans le champ de la philosophie, ce concept a été principalement développé par Epicure et Platon, en psychologie ce courant de pensée a dominé la recherche sur le bien-être.
Le bonheur en quelque sorte s’atteindrait par la recherche de stimulations agréables et le vécu d’émotions positives et l’évitement de ce qui est désagréable. C’est vivre du plaisir émotionnel à travers l’accomplissement de nos désirs et la satisfaction des besoins qui peuvent être satisfaits rapidement. La notion de « plaisir » est cependant à pondérer, le plaisir n'exclut pas la morale par exemple.

L’eudémonisme.

    

    Proviens du mot grec « eudaimonia », qui signifie « béatitude », l’eudémonisme postule qu’atteindre le bonheur est considéré comme l’objectif ultime de l’humanité. Il diffère de l’hédonisme par la voie d’accès au bonheur qu’il propose.
Pour les eudémonistes, le degré d’intensité du bonheur est en relation avec la satisfaction de soi, et va dépendre de plusieurs facteurs dont l’atteinte de nos objectifs. Or, les objectifs à même de générer cette satisfaction de soi impliquent de soutenir des efforts, de mobiliser des ressources sur un espace-temps assez long (motivation) , et d’accepter de vivre un lot d’émotions négatives. Ce sont les sentiments issus de cette démarche, tels que la fierté, le sentiment de croître dans différents domaines (cognitif, émotionnel, comportemental, moral, " etc." ) qui vont générer du bonheur.

​

        Néanmoins comme le montre le travail de Katharina Bernecker (3), hédonisme  et eudémonisme implique des attitudes et des compétences qui se complètent :   « La poursuite d’objectifs hédonistes de plaisir à court terme et d’objectifs de succès à long terme n’est pas contradictoire. »

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Le bien-être psychologique et le bien-être subjectif

peuvent être considérés comme deux indicateurs de la santé mentale dite positive (Provencher & Keyes),

​

​

Le bien-être subjectif est le sentiment de bien-être que chaque individu

apprécie (auto-évaluation). Selon Diener et ses collègues (1997) il se

compose de trois dimensions relativement indépendantes ;

deux composantes affectives : un niveau élevé d'affects positifs et un

niveau faible d'affects négatifs ; une composante cognitive : la satisfaction que l’on a de sa vie.

Le bien-être psychologique se définit différemment selon les

approches théoriques dans lesquelles les chercheurs s’inscrivent.

     

      Le niveau de santé mentale d’une personne à un moment donné implique de multiples facteurs, sociaux, psychologiques et biologiques. Ces facteurs représentent des thématiques d’interventions à visé de  santé mentale positive et de bien-être.
Des évaluations permettent de comprendre quels facteurs sont présents ou absents chez un individu ou un groupe d'individus dans un contexte, et donc ce qu'il serait profitable pour la santé mentale, de renforcer ou de générer durant une intervention à planifier.
Parmi les facteurs énoncés ci-dessous, certains font débat, car considérés comme des facteurs qui caractérisent un individu accompli, ces derniers relevant du développement personnel. La différence entre ces conceptions pouvant se faire de par le travail à engager. 

     Bref panorama non-exhaustif des facteurs de bonne santé mentale et de bien-être psychologique identifiés.

Jahoda (1958),

propose 6 concepts fondamentaux pour caractériser la santé mentale.

L’attitude de l’individu vis-à-vis de lui-même.

Le style et le degré de développement, de croissance ou d’actualisation de soi.

L’intégration des fonctions psychologiques.

L’autonomie.

Une perception adéquate de la réalité.

Pour Waterman, (1993) le bien-être psychologique se définit comme le fait de vivre en accord avec ses valeurs.  

 

La méthodologie A.C.T , mise au point par Steven Hayes à partir des années 1998, et validée scientifiquement,, propose d’agir en phase avec ses valeurs, ce qui nécessite de les identifier. L'A.C.T est une thérapie (acceptation et engagement) qui a été déclinée en interventions non-thérapeutiques telles que le MAC pour sportifs.

Ryff (1989) (4),  a proposé un modèle dans lequel le bien-être psychologique se compose de six dimensions.

Cependant Ryff inclut des facteurs tels que le développement personnel, qui pour d'autres auteurs vont au-delà de la santé mentale.

 

​

 

1. L'autonomie : considérée comme la capacité à réguler son comportement indépendamment des pressions sociales.
2. La maîtrise de l'environnement : notamment la gestion des affaires courantes et la création de situations bénéfiques aux besoins personnels, se sentir responsable.
3. Le Développement personnel : le souhait de, et la capacité à, vivre de nouvelles expériences qui remettent en cause sa manière de se voir et de voir le monde
4. Les relations positives avec autrui : l'engagement dans des relations authentiques avec les autres incluant une empathie réciproque, une intimité et de l'affection.
5. Le sens de la vie : la conviction que la vie a un sens et des objectifs fortement orientés vers des buts ayant un sens.
6. L'acceptation de soi : attitude positive face à soi-même, s’apprécier.

L’échelle de Mesure des Manifestations du Bien-être Psychologique (ÉMMBEP) est un outil de mesure, développé en français, composé de 25 items qui mesurent six dimensions du  bien-être psychologique. L'une des conceptions du bien-être qui inclut l'estime de soi.

 

Estime de soi : se sentir en confiance, apprécié et aimé, utile, fier de soi et satisfait de ses réalisations

Équilibre : niveau émotif, niveau des activités professionnelles et

familiales.

Engagement social : intérêt pour ce qui se passe autour de nous, le goût d'entreprendre des activités, la pratique d'activités de loisir, l'ambition.,
 

 

Sociabilité : être à l’écoute des autres, être en relation avec joie et humour.

 

Contrôle de soi et des événements : se sentir capable d’affronter les difficultés de la vie de façon constructive et dans le calme.

Bonheur : se sentir bien dans sa peau, jouir de la vie, avoir un bon moral, se sentir en forme.

Le chercheur Keyes cité précédemment a fait énormément de recherches. Il a défini des facteurs et créer des outils de mesure tels que le questionnaire abrégé (CSM–QA). Keyes définit la santé mentale positive comme un syndrome de bien-être subjectif fondé sur des symptômes d’hédonie et d’eudémonie. Son échelle de la santé mentale à deux continuums permet de discerner trois états de Santé mentale : florissante, languissante et modéré.

Les recherches de Keyes (6) permettent aujourd’hui de mesurer la santé mentale positive à partir de trois composantes représentées par 13 facteurs.

                                • Le Bien-être émotionnel

Affect positif
: concerne un individu régulièrement joyeux, intéressé par la vie, de bonne humeur, calme et paisible, plein de vie. Qualité de vie avouée. Plutôt ou très satisfait de la vie en général ou dans certains domaines. Balance entre les affects positifs et négatifs Fonctionnement positif dans la vie.
Satisfaction générale de sa vie : assez satisfait ou très satisfait de la vie en général ou dans certains domaines.


                              • Fonctionnement psychologique positif.


Acceptation de soi : adopter des attitudes positives envers soi-même, reconnaître et apprécier la plupart des parties de soi, de sa personnalité.
Autonomie : être guidé par ses propres normes et valeurs internes et socialement acceptées.

 

Croissance personnelle : recherche de défis, avoir un aperçu de son propre potentiel, ressentir un sentiment de développement.
 

But dans la vie : considérer que sa propre vie a une direction et un sens.
 

Maîtrise de l’environnement : capacité à sélectionner, gérer et façonner son environnement personnel en fonction de ses besoins.
 

Relation positive avec les autres : capacité à nouer des relations personnelles chaleureuses et de confiance
 

                            • Le fonctionnement social de l’individu
 

Acceptation sociale : adopter des attitudes positives envers les autres, reconnaître et accepter les différences humaines.
 

Actualisation sociale : croire que les personnes, les groupes et la société ont du potentiel et peuvent évoluer ou grandir positivement.

Contribution sociale : considérer ses propres activités quotidiennes comme utiles et valorisées par la société et les autres.
 

Cohérence sociale : s'intéresser à la société et à la vie sociale et les considérer significatives et intelligibles.
 

Intégration sociale : un sentiment d'appartenance, de confort et de soutien à une communauté.

La théorie de l’autodétermination de soi (Ryan & Deci, 2000,2002).


L’autodétermination peut être définie comme la perception de la part de l’individu d’autoréguler son propre comportement de manière cohérente avec ses objectifs, ses valeurs et ses propres qualités. Le comportement serait basé sur les impulsions individuelles liées aux besoins psychologiques qui favorisent le bien-être et la maturation de la personne. Le bien-être psychologique inclut également le sentiment d’un fonctionnement optimal, la cohérence avec soi-même ou la sensation de vitalité.

La satisfaction de trois besoins psychologiques fondamentaux est essentielle à ce que les individus éprouvent un bien-être optimal. Plusieurs études spécifiques menées dans des cultures variées confirment que ces trois besoins sont universels.

Ces trois besoins psychologiques universels sont :

​

                                    Les besoins fondamentaux d’autonomie, de compétence et d’appartenance.

 

Le besoin de compétence se réfère, en particulier, à la capacité de gérer, contrôler et maîtriser ses propres compétences et ses propres forces. Et donc à la capacité de contrôle des effets du comportement.

Le besoin d’autonomie se réfère à la nécessité de se percevoir comme agent causal de ses propres actions. Et la perception d’être capable de gérer sa vie en fonction de sa propre personnalité. Un tel besoin serait étroitement lié aux niveaux de responsabilisation dans la définition et dans la réalisation des objectifs.
Le besoin d’interaction/relation doit être entendu au sens large comme la nécessité de faire partie d’un système social et de se percevoir comme efficace dans la relation avec l’autre. C’est le besoin d’être en relation avec les autres et d’expérimenter sa capacité à « prendre soin des autres ».

Les besoins psychologiques au regard d’une motivation intrinsèques vs extrinsèques

 

Rappel : à la base de « l’impulsion » à agir, il y a selon Deci et Ryan (2000, 2002) :
a) Une motivation intrinsèque
b) Une motivation extrinsèque.

Selon la théorie, le niveau d’autorégulation des motivations

(et des comportements associés) serait directement proportionnel

au degré de satisfaction des trois besoins psychologiques décrits.


→ Plus exactement plus la motivation est intrinsèque ou autodéterminée

(vs extrinsèque) et plus le bien-être est important.

On observe également une plus grande persistance et des sentiments plus positifs.

La force des aspirations intrinsèques est corrélée positivement avec des indicateurs

de bien-être psychologique : des affects positifs, de la vitalité et un épanouissement

personnel. Elle est aussi corrélée négativement aux affects négatifs, tels que de la

dépression et de l'anxiété.(7)

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     En 2011 Seligman différencie sa théorie du bonheur de celle du bien-être qui devient l’axe principal de sa conception de la psychologie positive. (9)

​

     Le but de la psychologie positive dans la théorie du bonheur authentique est, [...], d’augmenter la quantité de bonheur dans sa propre vie et sur la planète. L'objectif de la psychologie positive dans la théorie du bien-être, en revanche, est pluriel : il s'agit d'augmenter la quantité d'épanouissement dans sa propre  vie et sur la planète.

Parmi les nombreux apports de la psychologie positive, on peut citer :

 

Les forces de caractère. Identifiées par Peterson et Seligman(2004) . (8).

​

Le bien-être. Seligman (2011). (9).

 

 

Le modèle PERMA du bien-être.

 

5 composantes qui impliquent les forces de caractère :

 

Les émotions positives

​

L’engagement : vécu de flow, ou expériences optimales.

​

Les relations positives.

​

Le sens : existence cohérente.

​

L’accomplissement : réalisations.

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          En une trentaine d'années, le nombre d’études publiées sur les facteurs de promotion de la santé et du bien-être ainsi que sur les « forces de caractère » (ou forces personnelles) n’a cessé d’augmenter, par exemple il y a eu environ 2400 publications en 2008/2009. Cette page n’est donc qu’un bref aperçu des facteurs de bien-être et/ou de santé mentale positive. Aperçu qui montre cependant qu'une multitude d'interventions est envisageable pour améliorer la santé mentale des individus.

Bien menées, c'est-à-dire en utilisant les bons leviers en fonction du contexte, ainsi que les méthodes qui ont fait leurs preuves scientifiques, les interventions de promotion de la santé mentale et du bien-être s'avèrent efficaces. Leur planification peut se faire à différents niveaux : individuel, groupes et organisations, programmes gouvernementaux.

​

→ En savoir plus sur les modalités d'intervention.

 

         Amélioration du bien-être ou développement personnel ?

​

         Ces domaines d’intervention se recouvrent forcément, ne serait-ce qu’au regard des facteurs impliqués qui diffèrent d’un champ théorique à l’autre. À titre personnel, je différencie le développement de soi de l'amélioration du bien-être. Je fais cette distinction au regard de l’engament sur la durée qu’impliquent les objectifs ciblés par un individu, et les changements qu’une démarche est susceptible de générer. Le développement de soi va emmener tantôt un gain de bien-être rapidement observable, mais parfois aussi durant une période, un lot de bouleversements. Par exemple apprendre à s’exprimer de manière assertive améliore la relation à soi-même et aux autres, et ce fonctionnement peut se générer assez simplement de par une formation qui permettra d'acquérir les compétences nécessaires. Chercher à donner un sens puis une direction à sa vie nécessite un engagement plus important, dont l'aboutissement peut se finaliser par des modifications conséquentes de mode de vie. S’orienter vers des vécus expérientiels qui remettent en cause sa manière de se voir et de voir le monde, est une démarche qui implique un renouvellement permanent de sa façon de penser, d’agir, d’être.

​

           Mise en garde cependant : le concept de la thérapie tout positif, sans négatif ne fonctionne pas.

    Personne n’avance sans affronter le négatif.
    Pour Martin Seligman , cité plus haut :  

 

      "les interventions positives, permettant d'atteindre des expériences humaines positives ne doivent pas se faire aux dépens du mépris de la souffrance, des faiblesses et des troubles humains."

​

Sources

 

(1) Keyes, C. L. (2005). Mental illness and/or mental health ? Investigating axioms  of the complete state model of health. Journal of consulting and clinical psychology, 73(3), 539

(2) Une conception élargie du rétablissement Hélène Provencher, Corey L.M. Keyes Dans L'information psychiatrique 2010/7 (Volume 86), pages 579 à 589

(3)Bernecker, K., & Becker, D. (2020). Beyond self-control: mechanisms of hedonic goal pursuit and its relevance for well-being. Personality and Social Psychology Bulletin. doi: 10.1177/0146167220941998

4) C. D. Ryff, « Happiness is everything, or is it? Explorations on the meaning of psychological well-being », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 57,‎ 1989, p. 1069–1081 (DOI 10.1037/0022-3514.57.6.1069)

(6) C.L.M. Keyes. Promoting and protecting mental health as flourishing:A complementary strategy for improving national mental health.
American Psychologist, 2007, février-mars, vol. 62,no 2:p.95-108.En ligne:http://www.midus. wisc.edu/findings/pdfs/380.pdf

Keyes, Corey Promoting and Protecting Mental Health as Flourishing: A Complementary Strategy for Improving National Mental Health. The American psychologist2007/02/01 Pour un aperçu des recherche de Keyes https://www.researchgate.net/profile/Corey-Keyes.

(7) Tim Kasser et Richard M. Ryan, « Further Examining the American Dream: Differential Correlates of Intrinsic and Extrinsic Goals », Personality and Social Psychology Bulletin, vol. 22, no 3,‎ 3 janvier 1996, p. 280–287 (ISSN 0146-1672, DOI 10.1177/0146167296223006])

(8)Peterson, C., & Seligman, M. E. P. (2004). Character strengths and virtues: A handbook and classification. New York, NY: Oxford University Press

(9)Seligman, M. E. P. (2011). Flourish: A visionary new understanding of happiness and well-being. New York, NY: Free Press.

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