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L'émotion.

  « Tout le monde sait ce qu’est une émotion jusqu’au moment où on lui demande de la définir ! » »
Fehr & Russell, 1984

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              80 % de notre temps d’éveil est consacré au vécu émotionnel. (Moïra Mikolajczak).

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     Un siècle après les travaux de Darwin (1872) qui exposaient sept thèses principales relatives à l’expression des émotions chez l’homme et les animaux, les chercheurs en psychologie ont entrepris de considérables recherches sur l’émotion. Au fil du temps, l’idée que les émotions puissent être fonctionnelles a fait son chemin, pour devenir certitude ces vingt dernières années.

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Une émotion est un processus de réaction temporaire de l’organisme aux événements pertinents de l’environnement.

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       La définition de toute entité psychologique représente habituellement des difficultés de taille, et le concept d’émotion est loin de faire exception à la règle. L'épisode émotionnel est l’un des processus psychologique des plus complexes à approcher, c'est peut-être même le plus complexe. Il existe de multiples théories de l'émotion, chacune ayant ses propres postulats sur la nature des émotions, cette pluralité d'approches, fait qu'il n'existe pas de définition de l'émotion qui fasse réellement consensus. Les lignes qui suivent rendent donc compte de différentes théories de l’émotion, qui permettent de mieux comprendre ces épisodes.

 

     Il n’existe par contre plus aucun doute sur le fait que l’émotion soit impliquée dans la plupart des mécanismes psychologiques, qu’elle soit un facteur déterminant et explicatif du comportement humain. Les concepts et théories contemporaines considèrent l’émotion comme centrale dans le processus cognitif, en particulier par le biais de l’évaluation cognitive qu’un individu se fait d’un événement ou d’une situation. Ce processus ayant « le potentiel de promouvoir ou d’atteindre à la survie ou au bien-être de l’individu en réponse à un stimulus signifiant de l’environnement » (Lazarus, 2000.).

 

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​1/ Une émotion est générée par un événement qui a un caractère important pour l’individu.
2/ L’événement est évalué très rapidement, pas toujours consciemment.
3/ Cette évaluation déclenche un comportement, du fait de la rapidité du processus, ce déclenchement n’est pas toujours conscient.

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     L'émotion a une fonction adaptative : quelle que soit l'espèce, elle prépare l'organisme à réagir pour garantir son bien-être, sa survie et plus largement pour entreprendre des actions. Pour un même événement, la valence et l'intensité d'une émotion diffèrent d'un individu à l'autre.

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L’évaluation cognitive n’est pas la seule composante de l’émotion (Lazarus, 1991). Pour Coppin et Sander (2010), la réaction du système nerveux autonome (composante physiologique), qui pourrait trouver son origine dans l’évaluation cognitive, est particulièrement fonctionnelle si l’on considère le rôle de l’émotion dans la préparation aux actions adaptées.

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« L’émotion est un mécanisme d'adaptation culturel et psychobiologique qui permet à chaque individu de réagir de manière flexible et dynamique aux contingences environnementales. » Scherer, (2009).

Comment se manifeste une émotion ?

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Changements

physiologiques

Expérience

subjective.

Traitement

cognitif.

Expression

faciale.

Comportement.

L’émotion est

multi-componentielle.

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Scherer, 1984, 1988, 2001.

 

Scherer (1984) conceptualisera un modèle à cinq composantes de l’émotion qui pour ce qui concerne le nombre et la nature des composantes semble faire consensus dans la littérature du moins pour les théoriciens du champ de l’évaluation cognitive (apraisal). L’émotion est donc multicomponentielle et à cinq composantes :
 

(a) Une composante d’évaluation cognitive des stimuli ou des situations, partie intégrante du processus émotionnel. Cette composante permettrait outre le déclenchement de l’épisode émotionnel, la différenciation des émotions.
 

(b) Une composante physiologique (changements corporels),
 

(c) Une composante d’expression motrice, qui concerne l’expression faciale, vocale, la posture et la gestuelle
 

(d) Une composante motivationnelle incluant les tendances à l’action (par exemple, approche et évitement). Soit une composante comportementale.
 

(e) Une composante subjective (l’expérience telle que vécue par les individus)

 

                 Damasio (1994), professeur de neurologie, de neurosciences et de psychologie, fait lui l’hypothèse qu’il existerait des « marqueurs somatiques », conceptualisés comme des réactions physiologiques associées à des événements émotionnels passés qui influencent la décision. Ses marqueurs seraient ancrés dans le corps (sensorialité) et seraient à la base du processus émotionnel. Ils déclencheraient et seraient déclenchés par des réactions sensorielles (visuelles, olfactives, kinesthésiques, gustatives, auditives) réactivées parfois à notre insu en fonction du contexte au cours d’un nouvel événement, et orienteraient nos décisions dans le sens de réduire des conséquences préjudiciables.

Dans le courant de la cognition incarnée, la pensée rationnelle consciente ne peut être séparée des émotions et de leur incarnation dans le reste du corps. António Rosa Damasio (1994), pose et teste l’hypothèse que l’émotion joue un rôle biologique dans le raisonnement et la prise de décision, il démontra que, sans émotion, nos raisonnements sont biaisés et nos choix les plus simples peuvent déboucher sur des décisions aberrantes et élaborera sa théorie des marqueurs somatiques.

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Damasio (1994)

→ Les émotions sont nécessaires à la prise de décision, de par l'Incapacité humaine de traitement de l’ensemble des informations en un temps bref.

Damasio (1998)

→ Pas de décision sans traitement de l’émotion.

Les individus ne peuvent pas prendre de décisions lorsque les régions de leur cerveau associées au processus émotionnel ont été endommagées.

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     Rimé, (2016), en prenant en compte, le déclenchement schématique des émotions s’inscrit en faux contre l’idée que les théories cognitives puissent expliquer l’ensemble des processus émotionnel. En effet, des manifestations émotionnelles d’un épisode ancien ou précédent peuvent se manifester à nouveau même si elles n’ont plus de pertinence adaptative dans la nouvelle situation.

     Les substrats cérébraux impliqués dans l'émotion.

Raisonner sur un épisode émotionnel suppose des connexions entre les fonctions cognitive supérieure et des substrats sous corticaux tels que le système limbique. Les émotions sont des phénomènes brefs, qui sont traité en partie (et parfois uniquement) par des parties de notre cerveau qui ne sont pas les plus "intelligentes".

Ledoux avait mis en évidence un circuit court et un circuit long du traitement de l'information qui déclenche la peur, par la suite, on s'est aperçu que ces deux circuits valaient aussi pour d'autres émotions. Les enfants, et donc les enfants que nous étions, ne possèdent pas un circuit long très développé. Et c'est là que ça se corse, lorsque des déclenchements émotionnels en mode court, générés dans le passé, se réactive mal à propos, poussant à des comportements déplorables, dans un contexte ou ils ne devraient pas s'activer. Il va alors falloir essayer de trouver l'événement à l'origine et apprendre à ne plus réagir de la sorte.

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    L'amygdale est un système de mémoire implicite, alors que l'hippocampe est un système explicite.
Ces deux systèmes fonctionnent en parallèle. Cependant, durant le développement, l'hippocampe ne joue pas encore totalement son rôle au début de la vie, et l'amygdale stocke des informations émotionnelles, qui constituent des souvenirs qui ne peuvent être conscientisés. D'où la difficulté d'intervenir sur des traumatismes précoces.
Un autre type d'événement "coupe" la relation entre les systèmes sous-corticaux et les fonctions supérieurs, ce sont les événements reconnus comme potentiellement traumatiques (tels que les attentats, les guerres, de graves accidents, les viols, l'emprise,"etc").

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     Le modèle TRCM : la Théorie Relationnelle Cognitive Motivationnelle des Émotions Lazarus (1991, 1999, 2000).

 

La composante motivationnelle concerne le désir de réaliser ses objectifs qui seraient hiérarchisés. La composante transactionnelle concerne les compétences à les réaliser dans un environnement donné compte tenu des différentes contraintes et des ressources de l’individu. Le contrôle perçu sur la situation est donc déterminant de la valence et de l’intensité des émotions générée

 

Cependant d’autres facteurs autres que la ré-évaluation, comme la personnalité et les objectifs, ainsi que la variabilité de réponses physiologiques, entrent en jeu dans la production émotionnelle, Lazarus (1991, 1999, 2000).

 

 Le modèle transactionnel du stress de Lazarus & Folkman (1984) est présenté sur la page relative au stress.

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    Qu’est-ce qu’une émotion ?

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L’émotion est un phénomène multicomponentiel adaptatif, ayant une fonction sociale.

 

Un processus présent dans chaque décision, comportement et action.

 

 L’émotion est un phénomène rapide, déclenché par un événement, qui engendre une réponse émotionnelle cohérente à plusieurs composantes. Sander (2015)/consensus.

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​L’épisode émotionnel est bref et se distingue des sentiments, de l’humeur et de la personnalité. L'amour n'est pas une émotion, mais un sentiment qui dure (même si parfois, il s'interrompt... ), l'anxiété trait se distingue de l'émotion anxiété relative à un événement précis.

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Cependant :

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Une réponse cohérente pour un individu n'est pas forcément une réponse adaptée à la situation. C'est à ce niveau que des compétences émotionnelles, à minima de reconnaissance des émotions et de leur régulation s'avèrent précieuses.

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Combien existe-t-il d'émotions ?

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Pour répondre à cette question, il faut distinguer les émotions de bases, universelles, que toutes les cultures du monde connaissent, des émotions complexes qui ont des conceptions différentes selon les chercheurs. Pour Plutchik (1980) il existe des variable d'intensité ou d'excitation d’une émotion primaire, et donc un registre d'émotions en quelque sorte "secondaires". Pour d'autres la gamme d'émotion que nous sommes susceptibles de ressentir est liée aux contextes sociaux et relationnels. On peut également remarquer qu'une émotion comme la honte est tantôt considérée comme primaire (par exemple pour Izard en 1977 et Tomkins en 1980) et tantôt comme complexe. (émotions complexes comme l'envie, l'empathie, "etc.").

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Figure représentant un « chimpanzé déçu »..Dans  l'ouvrage The Expression of the Emotions in Man and Animals de Charles Darwin's, Caption reads "FIG. 18,

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Le répertoire des émotions diffère selon la culture d’un individu, son environnement ses expériences et son entraînement à discerner les émotions. On discerne assez facilement, avec un peu d'entraînement, environ 120 émotions, le répertoire s'étant bien au-delà.

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L’émotion comme
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Source d’information
 
 Facilitateur de l’action
 
 Outil d’adaptation
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Ci-dessous : la roue des émotions Plutchik (1980)

Chaque émotion primaire se décline en variantes, selon l’intensité ou l’excitation provoquée. Cliquer sur l'image pour l'agrandir

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La compréhension des émotions.

     L’émotion est un phénomène qui se développe sur un temps court et qui se déclenche lorsqu’une situation revêt un caractère important pour l’individu, les émotions impactent donc considérablement nos vies, notre rapport à nous-même et aux autres, ainsi que nos objectifs ou réalisations (mémoire, concentration, attention, et créativité).

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Les émotions ont une fonction sociale.      

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     Ekman disait que : « L'expression faciale des émotions  est le pivot de la communication entre hommes » (Rimé et Scherer, 1989). En effet, savoir lire sur le visage facilite nos relations sociales ; de même, une interprétation erronée d’une mimique faciale peut nous faire adopter un comportement mal adapté à la situation.

Nous exprimons nos émotions également par la communication verbale et non-verbale.

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Les émotions nous signalent que quelque chose d'important pour nous se passe.

 

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La direction des émotions :

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      La direction d'une émotion , c'est ce que nous faisons lorsque nous ressentons une émotion. Nous pouvons éprouver de la joie (une émotion plaisante) et faire une bêtise, comme éprouver de la colère et avoir un comportement adapté.

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La compassion, c’est être touché par la douleur ou la souffrance d’une autre personne.

Tendance à l’action → Vouloir aider.

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La colère est un ressenti d’offense de non-respect.

Tendance à l’action → cela peut être l’agression (pour réparer l’offense) ou réparer l’offense sans agresser à son tour.  

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     Nos émotions sont des messagères qui nous informent de nos objectifs, de l’enjeu que l’on leur attribue, elles nous indiquent que des besoins importants sont satisfaits ou pas. Il n'est pas toujours aisé de discerner ses émotions et encore moins de comprendre le besoin qu'il nous faut satisfaire.

     Les émotions constituent un système de traitement de l’information hautement adaptatif, une personne qui utilise parfaitement les émotions (ce qui implique de les discerner et d’accepter de toutes les ressentir), les régulent correctement, comprend ses émotions ainsi que celles des autres, et dirige son comportement dans la bonne direction en prenant de bonnes décisions, modulées en fonction de ses objectifs. C'est ce que l'on appelle les compétences émotionnelles ou l'intelligence émotionnelle, l’objectif des formations que je propose, en savoir plus page suivante.

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      Il existe des différences inter-individuelles de potentiel à utiliser l’émotion. La personnalité, l’état objectif, ainsi que la variabilité de réponses physiologiques, entrent en jeu dans la production émotionnelle. 

     Tous les individus régulent leurs émotions de façon plus ou moins consciente et efficace. Les stratégies de régulations émotionnelles automatiques ou contrôlées interviennent sur un ou plusieurs des composantes de l’émotion, à différents moments de l'épisode émotionnel.
    Les émotions peuvent donc être régulées de nombreuses façons. On va distinguer les stratégies adaptées dans une situation de celles qui ne le sont pas. Une stratégie peut être adaptée dans un contexte et inadaptée à un autre. Par exemple fuir un danger réel est adapté à la situation, mais ne pas affronter une situation sans danger réel, parce qu'on la redoute peut avoir des effets délétères à moyen et long terme.

      Cela pourrait sonner comme une évidence, mais pour réguler ses émotions, il n’y a pas d’autres moyens que de les vivre et d’apprendre à les discerner, ce qui s’avère finalement assez difficile et nécessite souvent une formation est des entraînements.

Les déficits dans les capacités générales de régulation des émotions, telles que la perception, la compréhension, la modification et l'acceptation des émotions négatives, sont censés augmenter l'affect négatif, diminuer l'affect positif et réduire l'auto-efficacité liée aux émotions, provoquant ainsi un comportement dysfonctionnel (voir par exemple, Berking, 2007, cités par Berking et all., 2008).

 

     La régulation réussie des émotions est un aspect central du fonctionnement psychosocial et de la santé mentale Lennarz et all (2019) 

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      La régulation des émotions intervient lorsqu’un sujet est confronté à une émotion dysfonctionnelle, ce qui signifie qu’elle est en désaccord avec les objectifs de l’individu et/ou qu’elle est inappropriée au contexte (Mikolajczak & Deseilles, 2012).

 

     L’émotion est considérée comme en désaccord avec les objectifs de l’individu si elle nuit à son bien-être, amoindrit ses performances ou encore si elle a un effet délétère sur autrui.
La capacité de régulation des émotions permet à l’individu de modifier la nature de son émotion, son intensité, sa durée ou sa composante expressive (Gross, 1999). La régulation réussie des émotions est un aspect central du fonctionnement psychosocial et de la santé mentale Lennarz et all (2019)

 

Mes interventions

      Les importants travaux de recherche à propos des émotions , dont une petite partie est énoncé ci-dessus montrent qu'intervenir sur les émotions ne peut se faire que de par une approche intégrant plusieurs méthodes.


      La reconnaissance, la compréhension de ses propres émotions et leur régulation sont des compétences émotionnelles, une partie des habiletés qui caractérisent l'intelligence émotionnelle. Ces compétences améliorent incontestablement le bien-être et la performance.

J’organise mes interventions selon une chronologie qui a fait ses preuves, les formations concernent les champs de la prévention de la santé et du bien-être, du développement personnel et celui de la performance et du sport. Lorsqu'une personne souffre du fait d'épisodes émotionnels particulièrement difficiles à vivre, entreprendre une psychothérapie est souvent la meilleure solution.
 
Mes formations en groupes se déroulent en plusieurs cycles. Un premier cycle de base concerne la gestion du stress et la régulation émotionnelle intra-personnelle. Le stress n’est pas une émotion, en même temps, il existe des liens entre les états provoqués par l’un et par l’autre, tandis qu’il convient de savoir les discerner et les gérer d'une façon fonctionnelle et adaptée à chaque situation. En savoir plus sur ces formations de base, incontournables.

 

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Contenue des formations à la régulation émotionnelle.

Savoir : apport de connaissances sur les processus de l'émotion, ainsi que sur les modes de régulations adaptés VS moins adaptés

Se connaître : repérer ses modes de régulation.

Se situer : ce que je peux garder et renforcer, ce qu'il serait préférable de modifier.

Agir : de par l'acquisition de méthodes adaptées. Changer ses modes de régulation : par l'entraînement régulier avec les bons outils.

 

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L'acquisition de compétences de régulation émotionnelle suit les lois de l'apprentissage, sans entraînement, ça ne fonctionne pas.

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